Greg, si tu devais te présenter en quelques mots, que dirais-tu de toi ?
Mon nom est Greg Brown, je viens du « Midwest » aux USA. C’est une région qui regroupe des Etats tels que le Missouri, le Kansas et l’Iowa. C’est d’ailleurs à Ottumwa (Iowa) que je suis né le 2 juillet 1949. Je suis auteur-compositeur et chanteur…
De quelle façon s’est déclenchée ta passion pour la musique ?
Je suis né au sein d’une famille passionnée de musique. Beaucoup de membre de cette famille, notamment ma mère, jouaient d’un instrument ou chantaient. L’ambiance était souvent très festive, nous tapions des pieds et buvions. En fait, nous étions complètement fous et j’aimais ça !
Mon père était un « preacher » (pasteur) et, de ce fait, un très bon orateur et raconteur d’histoires. C’est ainsi que s’est développé en moi, alors que je n’étais qu’un enfant, l’envie d’écrire des histoires. J’ai donc commencé à faire des chansons en jouant du ukulélé. J’écrivais aussi des choses plus étoffées dans des carnets. En fait, je crois que je suis simplement né pour cela…
Cela n’a pas vraiment été un choix de ma part car c’était vraiment naturel.
C’est donc sous la pression de ma famille que je suis devenu un musicien (rires). Non, c’est un mensonge (rires)…
Quelles étaient les choses qui t’inspiraient quand tu as commencé à écrire ?
Tu sais, le fait d’aller régulièrement à l’église m’a permis d’observer tous ces gens qui parlent bas et évoquent les esprits. La musique que l’on peut y entendre est vraiment très belle (Greg se met alors à chanter un Gospel). C’est tellement joli…
Mon grand-père jouait du banjo et ma grand-mère de l’orgue. De plus, il y avait beaucoup de gens venus de Virginie ou du Kentucky là où je vivais. De ce fait, ils avaient emmené avec eux toute une tradition musicale très « Hillbillie ». Ils jouaient du banjo ou du violon…
C’est ainsi que s’est développé mon sens musical alors que je devais avoir 9 ou 10 ans.
Au même moment, je me suis mis à écouter des artistes tels que Big Bill Broonzy, Muddy Waters et de nombreux musiciens de Country Blues.
Mes trois sources d’inspirations sont donc la Country « Old Time », la musique d’église et le Country Blues. Ce sont là mes principales influences musicales…
Ces sources d’influences se ressentent-elles dans ta propre musique et dans les sujets que tu abordes ?
Je dirais que ce que je fais puise beaucoup dans la vieille Country Music traditionnelle dont les chefs de file étaient des artistes tels que Jimmie Rodgers et Hank Williams. Sans oublier les gens qu’il y avait avant eux. Tous ce groupes constitués d’instruments à cordes (« string bands »)…
Je pense à des musiciens, comme Charlie Poole, qui représentaient la vraie musique des collines (« Hill Music »). J’étends mon spectre musical en puisant dans la richesse de ce que nous ont donné de grands artistes de Country Blues comme JB Lenoir, Little Walter etc…
C’est parmi toutes ces composantes que je puise mon inspiration.
Il faut ajouter à cela mon amour des mots qui provient de ma mère, qui était professeur d’Anglais, et qui m’a sensibilisé très jeune aux œuvres de William Blake ou de Robert-Louis Stevenson.
Ce sont vraiment mes origines. Toutes mes sources d’inspiration, musicales ou littéraires, reflètent l’histoire de ma famille.
Est-ce qu’il t’arrive de t’engager dans tes chansons et de te transformer en artiste plus contestataire ?
Tu sais, je ne crois pas que le fait de mélanger la politique et la musique soit un bon mariage. Il m’arrive, cependant, de me poser la question lorsque je vois les bandes et les petits criminels qui sévissent dans ma ville. De nombreux voyous ont été mis en prison par l’administration Bush qui ne sait pas gérer la situation… Ces voyous ne représentent qu’une petite minorité. On ne parvient pas à leur donner une seconde chance afin de pouvoir les réinsérer.
Je préfère chanter sur l’amour, la famille, les collines et les ruisseaux…
Ce sont des sujets, plus légers, que j’aime aborder dans mes chansons car je ne suis vraiment pas un bon chanteur contestataire (rires). Il m’est juste arrivé d’écrire, un peu, sur des sujets plus graves car la situation était vraiment affreuse…
(Nda, S’il ne se considère pas comme un grand auteur contestataire, les chansons « légères » de Greg Brown n’en ont pas moins été reprises par des centaines d’artistes comme Willie Nelson, Santana, Lucinda Williams etc…)
La musique Folk a-t-elle encore le vent en poupe aux USA ?
Je crois que c’est une chose qui se meurt petit à petit…
Quelque soit le style de musique, il y a toujours du sang neuf qui arrive et qui reprend le flambeau. Je pense que dans le cas de la musique Folk, il y a certaines choses traditionnelles qui arrivent juste à survivre, comme cela peut être le cas en Caroline du Nord.
Il y a de vieilles traditions qui continuent d’être perpétuées par certains chanteurs mais je ne suis pas sûr que cela se prolongera éternellement.
Je ne vois pas de jeunes talents arriver pour donner à cette musique un second souffle.
Aux USA il y a juste des groupes de « jams » qui arrivent à inclure, de temps en temps, des éléments de Folk Music. Le résultat est un mariage entre la musique de « Dock » Boggs et celle du Grateful Dead ou d’un groupe comme celui-ci (rires).
En tout cas,tu ne peux pas être mis en cause car ta discographie est, je crois, assez importante …
Je crois que les gens disent que j’ai enregistré une vingtaine d’albums…
Cependant je ne m’en souviens pas, je me rappelle avoir enregistré simplement 6 ou 7 disques (Au moment de la réalisation de cette interview la discographie officielle de Greg citait 28 albums plus une douzaine de participations à des disques d’autres musiciens et à une poignée de musiques de films, Nda).
Tu sais, je crois que je ne sais pas exactement combien d’albums j’ai pu faire…
As-tu des projets que tu souhaiterais rapidement voir aboutir ?
J’aimerais faire une série de disques très dépouillés, en solo…
Il y a une vingtaine d’années, j’avais mis en musique et enregistré des poèmes de William Blake (album « Songs of Innoncence and of Expérience », 1986 Red House Records, Nda) et je souhaite recommencer cette expérience et proposer une nouvelle version de ses poèmes.
J’avais aussi un ami, né en Tchécoslovaquie, qui vivait en Arizona qui était un formidable musicien et j’aimerais faire un CD de ses chansons…
As-tu une conclusion à ajouter à cet entretien ?
Simplement que je suis très heureux d’être ici, à Cognac.
Beaucoup d’américains ne comprennent pas la façon de vivre des européens et portent un regard un peu sévère sur eux. Là-bas, tout est un peu fou, ce n’est pas forcément un endroit très joyeux.
Quand tu quittes les USA, tu peux te rendre compte comme il est bon d’être un peu plus détendu et de prendre le temps de vivre. Je ne sais pas exactement ce qu’il se passe aux Etats-Unis mais il suffit d’allumer la télévision pour ce rendre compte qu’il y a des choses qui n’ont plus aucun sens.
Si le pays n’est plus très joyeux, je garde un espoir d’amélioration grâce à Barack Obama. Sa candidature à la présidence est une chose qui me passionne. J’ai bon espoir que cet homme, qui semble sortir d’un roman, redonne un souffle nouveau au pays et nous fasse sortir de la guerre.
http://www.gregbrown.org
http://www.myspace.com/gregbrownfans
Remerciements : Gwenaëlle Tranchant du service de presse du Cognac Blues Passions.
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